Parfois on oublie d’être naturel et on se censure ou se met des barrières pour garder une bonne image aux yeux des autres. Mais au fond qu’est-ce qui nous pousse à le faire ? Et en quoi cela peut impacter notre quotidien ?
Pourquoi tout nous pousse à ne pas être naturel ?
Dans l’article précédent – Être Naturel – je t’expliquais qu’on a souvent tendance à vouloir contrôler ses faits et gestes, surtout dans un environnement nouveau, pour faire « bonne figure » ou faire preuve de bienséance. Parce que lorsqu’on se trouve en présence d’autres personnes on essaye d’être comme tout le monde, pour qu’elles nous voient comme quelqu’un de normal.
C’est en grande partie à cause de notre instinct grégaire. En effet, comme de nombreux animaux, l’humain a un comportement en groupe différent de quand il est seul. Cet instinct qui, à l’origine, n’a pour unique objectif que notre propre survie, peut façonner notre opinion, altérer notre prise de décision, et même nos réactions de manière à se conformer à la norme d’un groupe, et ce souvent de façon totalement inconsciente.
Hors situation d’urgence ou de danger, cela peut s’exprimer par du simple conformisme. Chaque individu essayant alors de se comporter comme la norme l’indique pour ne pas se sentir exclu. D’ailleurs je vous invite à regarder cette petite expérience qui mettra fin à vos doutes sur le sujet : Expérience de Ash.
Dans notre quotidien, ça se traduit généralement par des automatismes d’adaptation à ce que les autres pensent. On essaye de se conformer aux autres pour ne pas se démarquer. Bien sûr, il y a bien quelques personnes qui sont capables d’être totalement elles-mêmes en toute circonstance et qui arrivent à donner leur point de vue coûte que coûte, mais c’est loin d’être évident dans tous les contextes. Si vous vous imaginiez un instant au milieu d’une séance photo c’est la même chose, il y a fort à parier que sans être mis à l’aise au préalable vous n’oseriez pas vous exprimer pleinement. Et c’est entre autre parce qu’on a généralement peur d’être jugé, peur qu’on nous trouve anormal.
Les masques
Finalement tout le monde porte un masque à sa façon, et change ce masque selon les contextes, les personnes rencontrées. Difficile de pouvoir se montrer tel que l’on est, sans jouer un rôle devant les autres. Se mettre à nu, rire aux éclats, raconter son enfance, danser ou chanter, oublier votre sérieux … vous ne feriez pas tout ça devant le premier inconnu rencontré, n’est-ce pas ?
Alors souvent on porte un masque. On l’utilise pour se cacher, se fondre dans la masse, avoir ce sentiment d’appartenance, masquer son individualité. On change régulièrement celui qu’on porte pour renvoyer une image que la société attendrait de nous : pour nous rendre acceptable vis-à-vis des codes et tendances sociales.
Aujourd’hui encore, tout un chacun se doit d’être et de se conduire de telle ou telle manière en fonction du statut qu’il occupe. Les femmes doivent être à la fois belles, minces, respectables, sensibles, discrètes, sérieuses, délicates… mais aussi de bonnes amantes, de bonnes épouses, de bonnes mères.
Les hommes quant à eux doivent être forts, virils, responsables, non émotifs, sportifs, courageux, sûrs d’eux, intelligents, carriéristes, indépendants, compétitifs, bricoleurs … Et toute personne qui ne se conforme pas à ces standards s’expose un jour ou l’autre à sentir exclus d’un groupe ou de la société en général. Du mieux qu’on peut on s’efforce alors de jouer le rôle qui nous a été donné dès la naissance.
Porter un masque c’est aussi incarner quelqu’un d’autre : celui qui nous fait rêver, celui qu’on aimerait être, ou celui qui nous parait le plus adapté aux standards et aux mœurs de telle ou telle situation (on appelle ça aussi un « Persona » ). Un masque peut alors nous permettre d’incarner ce que l’on veut projeter sur son entourage, sur ce monde.
D’ailleurs en soi le maquillage n’est-il pas simplement une forme de masque plus répandue et acceptée ? Une femme se devant d’être toujours jolie et apprêtée, il est presque plus évident pour elle d’admettre qu’elle se maquille régulièrement plutôt que le fait qu’elle ne se maquille pas.
Plus récemment on a vu apparaitre les phénomènes de l’utilisation de la retouche photo ou plus répandus chez les jeunes celui des filtres pour le visage (Snapchat, Instagram …). Ces deux phénomènes tendent à standardiser le corps et le visage dit « acceptable » que tout un chacun devrait avoir.
Et le pire c’est que l’on s’y plait dans ces standards, parce qu’on a l’impression de voir une meilleure version de nous-mêmes. Qui n’aurait pas rêvé de plus jolies courbes, d’une peau plus nette pour les femmes ou d’une carrure plus prononcée pour les hommes ? Tout ça est naturel. En voyant les couvertures de magazines, même en sachant pertinemment que les photos sont retouchées, on se demande pourquoi on ne pourrait pas nous aussi être comme ça. Comme si être « juste » soi n’était pas assez bien.
Mais chaque masque a ses contraintes, son inconfort propre. Plus il représente quelqu’un ou quelque chose éloigné de qui nous sommes vraiment, plus cela va nous demander des efforts de le porter. Et on aura beau se forcer de coller aux standards, au bout d’un temps on s’épuise et on redevient « soi ». Comme le dit l’expression « le naturel revient au galop ».
Alors est-ce que ça vaut vraiment le coup d’être temporairement protégé par un masque mais être faux, presque hypocrite avec soi-même ? Si elle nous empêche de simplement s’accepter est-ce que cette protection en vaut la chandelle ?
On a tout à gagner à être soi-même ?
Être soi c’est accepter au début d’être fragile et vulnérable aux yeux des autres. Mais au fur et à mesure que l’on s’y exerce, cela devient naturel, on est plus à l’aise avec soi-même et on ne ressent plus le besoin de cacher toutes nos nuances qui font que nous sommes uniques et pas simplement cette version standardisée qu’on attend de nous.
Être soi c’est avant tout être à l’aise, libre sans avoir à chercher le masque le plus adéquat à porter. Cela veut dire se laisser nu, sans artifices. Se laisser vrai. Avec à la fois ses atouts et ses failles.
Est-ce que vous savez combien d’êtres humains ont foulé la Terre depuis son existence ?
On estime ce chiffre à environ 108 milliards ! Cela veut dire que chaque personne aujourd’hui n’est qu’une version de l’être humain sur les 108 milliards de possibilités ayant existé. Et c’est sans compter sur les personnes pas encore nées.
108 milliard d’être humains ont déjà foulé la Terre.
Alors comment être « comme tout le monde » quand on sait que 108 milliards d’êtres humains ont foulés la terre ? Même si nous avons souvent de nombreuses choses en commun, il nous est impossible d’être foncièrement comme les autres. Nous ne sommes pas des robots programmés pour effectuer une tâche, nous sommes des êtres vivants ayant le libre arbitre de mener notre vie comme nous l’entendons. Ce n’est absolument pas intéressant pour nous d’être toujours le même modèle, et de reproduire le même résultat à l’infini.
Être unique avec ses propres caractéristiques c’est apporter une nouveauté à chaque personne que l’on rencontre ou même un équilibre à la personne avec qui l’on partage sa vie.
Une seule et même personne comporte de multiples facettes. Il n’existe pas seulement une seule version de vous-même, mais de nombreuses façons d’être qui se sont ajoutées au fur et à mesure de vos expériences. Un peu comme une recette : un peu de ci, un peu plus de ça et voilà un savant dosage pour quelque chose de délicieux.
Et si toutes les nuances de personnalités sont intéressantes, toutes les émotions le sont aussi : joie, tristesse, colère, nostalgie, peur, bien-être… Les exprimer sans pudeur, au naturel, devant un photographe leur donne plus d’impact.
Et concrètement ça se traduit comment ?
Vous l’aurez bien compris, avant tout j’ai envie que vous vous sentiez à l’aise lors d’une séance photo avec moi pour que vous donniez le meilleur de vous-même. Être naturel devant un photographe cela met les personnes bien plus en valeur sur les images. D’ailleurs je préfère également ce type de photographies (voir « mon regard »).
Pour en savoir plus sur comment s’organisent vos reportages photos pour vous offrir les meilleurs souvenirs possibles, je vous invite à consulter les pages mariage et séance photo. Et pourquoi pas dès à présent réserver votre date ?
Laissez vos impressions en commentaire, je serai ravie de les lire et de vous répondre !
Est-ce que vous avez appris des choses grâce à cet article ?
2 Comments
Encore un article très intéressant, qui met en évidence l’une des failles de notre société. Ce sentiment d’appartenance nous pousse à gommer certains aspects de notre personnalité pour rentrer un peu mieux dans le moule. Outre l’instinct grégaire, je pense que le souci vient de toutes ces images, des magazines, etc, qui nous montrent des gens (hommes ou femmes) qui sont certes magnifiques mais bien loin du commun des mortels ; qui plus est, avec des photos ultra retouchées et donc absolument pas naturelles.
C’est pour cette raison que j’aime tant ton travail, parce que tu réussis à capturer de vrais instants de vie. Tes photos sont belles parce que, outre le travail de la lumière, des couleurs etc, les gens sont naturels.
Merci pour ton commentaire Sophie !
Effectivement je pense qu’il y a encore beaucoup de choses à faire quant à l’image qu’on donne aux hommes et aux femmes dans les différents médias. Si de nombreuses personnes ont du mal à s’accepter elles-mêmes, c’est aussi parce que notre société a du mal à accepter la diversité et la différence…
En tout cas, de mon côté je m’attache autant que possible à ôter tout jugement des personnes qui passent devant mon objectif et effectivement à garder cette ligne directrice qui est le naturel 🙂